Odile et Manuel habitent près de Fontainebleau, en Île-de-France. Depuis la fin du mois de décembre 2020, ils accueillent Aïcha et ses deux enfants. Interview croisée d’une aventure humaine très enrichissante.
L’équipe J’accueille : Bonjour à tous les trois, pouvez-vous vous présenter ?
Odile et Manuel : Bonjour, nous sommes un couple de retraités habitant au sud de la Seine-et-Marne (77). Nous avons trois enfants et six petits-enfants.
Aïcha : Bonjour, je m’appelle Aïcha. J’ai 23 ans et je suis originaire de Côte d’Ivoire. Je vis en France depuis 4 ans, et suis accueillie avec mes deux enfants chez Odile et Manuel.
Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?
O&M : Depuis presque 6 mois. Nous avons rencontré Aïcha en décembre 2020. Nous vivons dans une ancienne ferme et avons un logement indépendant du nôtre. L’hiver dernier, notamment à cause du Covid-19, nos enfants et petits-enfants sont venus moins souvent. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre ce logement à disposition d’une personne réfugiée, pendant 6 mois au départ. Nous avons contacté l’équipe de J’accueille, qui nous a proposé de rencontrer Aïcha et son fils Yohan.
A : Avant de rencontrer Odile et Manuel, je vivais avec Yohan, mon fils de deux ans et demi, dans un hôtel social des Yvelines (78). J’étais enceinte de 7 mois et cherchait un nouvel endroit où vivre. J’ai connu J’accueille par une amie journaliste.
O&M : Nous nous sommes rencontrés dans les bureaux du programme J’accueille, à Paris. Comme nous avons tout de suite sympathisé, nous leur avons proposé de venir chez nous dès la semaine suivante.
A : La première fois que j’ai rencontré Odile et Manuel, le feeling est passé directement. Je suis arrivée chez eux entre le jour de Noël et le jour du nouvel an. Leur fille Nathalie est venue nous chercher en voiture à Port-Marly, où je vivais, pour nous aider à déménager.
Comment se sont passés les premiers moments de cohabitation ?
A : Le début de mon séjour a été dur. J’étais enceinte et je n’avais pas de ressources. Odile et Manuel m’ont aidé à retrouver le moral. Grâce à leur famille et à leurs amis, j’ai eu des habits pour les enfants, et même un landau. Je me suis sentie tout de suite chez moi. J’étais libre et à l’aise.
O&M : Yohan, plutôt farouche au début, s’est très bien habitué à nous. Aïcha a accouché fin janvier d’une mignonne petite fille.
A : J’ai été très émue et contente lorsqu’Odile et Manuel sont venus me voir à la maternité.
Et aujourd’hui ?
O&M : Nous nous voyons régulièrement. Nous avons partagé de bons moments ensemble… mais moins que ce que nous avions envisagé au début de l’accueil du fait de la grossesse en janvier, puis du confinement et du ramadan. Maintenant que nous sommes vaccinés, nous pouvons nous voir plus régulièrement.
A : Nous avons partagé plusieurs repas. Je m’entends bien avec leurs enfants et leurs petits-enfants qui ont à peu près mon âge.
Que retenez-vous de votre cohabitation ?
A : J’ai appris beaucoup de choses : à m’exprimer plus correctement, à être plus indépendante. Je suis fière d’avoir parcouru ce chemin avec cette belle famille et je les remercie. Aujourd’hui, je veux trouver un travail et mon propre logement. Je veux vivre mes rêves. Mon objectif est aussi d’offrir une belle vie et un bel avenir à mes enfants.
O&M : C’est la deuxième fois que nous accueillons des personnes réfugiées avec J’accueille. A chaque fois, cela a été un enrichissement pour nous. Nous pouvons entrevoir des cultures et des modes de vie très différents des nôtres. Aïcha est très courageuse, seule avec deux enfants dans un petit village où elle ne connaît que les commerçants. Elle s’occupe des courses, de ses enfants, du ménage, des formalités administratives. Aïcha n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Nous lui souhaitons le meilleur, et surtout que ces rêves deviennent réalité.