Vous êtes nombreux à vouloir accueillir avec des enfants. Parfois, vous souhaitez même accueillir pour leur partager vos valeurs. Cette semaine, J'accueille s'intéresse à la perception de l'accueil d'une personne réfugiée par les enfants.
"Moi je suis trop contente qu'un monsieur vienne dans la chambre d'ami. Je demanderai à mon amie imaginaire de lui laisser le lit." - Louise, 4 ans
L'adage est bien connu : la vérité sort de la bouche des enfants ! Ces derniers font partie des acteurs principaux lorsqu'un foyer décide d'ouvrir sa porte à une personne réfugiée. Plus les enfants sont impliqués dans la démarche des parents, plus les moments d'échanges, de jeux et de complicité sont nombreux et riches, dès le début de l'accueil.
Impliqués avant même une la mise en relation avec une personne réfugiée, certains nous font même part - tout comme certains adultes - de souhaits pour le moins atypiques, que nous ne pouvons pas toujours combler :
"Moi je voulais un monsieur avec une barbe et là il en a pas, mais c'est pas grave".
Les enfants s'adaptent, surtout lorsque la rencontre se concrétise
Lorsque, sur le papier, ils n'adhèrent pas totalement à l'expérience d'accueil dans laquelle leurs parents souhaitent se lancer, c'est souvent la rencontre qui est déterminante.
"Alors moi, je n'étais pas du tout d'accord, déclare Inès, 10 ans. Je n'avais pas envie d'accueillir quelqu'un que je ne connaissais pas dans ma maison. » C’est après de nombreuses discussions qu’Inès, 10 ans, a finalement accepté de se lancer dans l'expérience avec Emma, sa maman. « C’est comme ça qu’on a accueilli Tsering, une dame tibétaine à l'âge de maman. […] Très vite, elle est devenue comme une personne de la famille. Elle adorait surtout cuisiner - comme ma mère - et moi j'adore manger !" Inès a depuis été moteur pour que sa mère ré-accueille une seconde personne suite au départ de Tsering. Aujourd'hui, Emma et Inès accueillent pour la troisième fois.
Une innocence dédramatisante
La force de l’accueil avec des enfants est l’instant présent, souvent remis au centre de la relation accueillants-accueillis. Peu importe le parcours migratoire de la personne lorsqu'il s'agit de construire la plus haute tour de Légo jamais vue.
A l'innocence sans-filtre des enfants s'ajoute leur curiosité bienveillante, permettant parfois de briser la glace, et à d'autres moments d'aborder - sans complète conscience - des sujets sensibles et complexes : "Pourquoi tu n'as pas de maison ? Pourquoi tu as dû partir de ton pays ? Pourquoi il y a la guerre dans ton pays ?" Autant de questions qui, si elles avaient été soulevées par un adulte, auraient été perçues comme inappropriées. Lorsqu'elles sont posées, c'est l'occasion d'expliquer avec des mots simples, de conscientiser.
Une cohabitation comme les autres
Ce qui est sûr, c'est que l'immersion culturelle vécue dans un foyer avec enfant est un tremplin énorme dans l'apprentissage de la langue : "C'est plus facile pour moi d'apprendre la langue avec les enfants. Ils ont un langage moins soutenu, utilisent du vocabulaire plus simple. Ils parlent plus lentement et sont sans filtre."
Finalement, une fois que tout le monde est d'accord pour vivre ensemble, peu importe le statut de réfugié. « Abdou, il n’est pas tout à fait comme les autres jeunes étudiants qu’on reçoit à la maison, parce que eux, leur pays il n’est pas en danger [...] mais au final, il n'est pas différent des autres quand même ! » - Noam
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