Marie-Paule et Bruno habitent en région parisienne. Entre décembre 2019 et décembre 2020, ils ont accueilli Mashud, jeune homme Bengali réfugié en France. Récit d'une cohabitation rythmée par l'actualité sanitaire et les confinements. Témoignage recueilli au printemps 2020.
Pour ce dîner, c'est Mashud qui a cuisiné le poisson et le riz !
L’équipe J’accueille : Bonjour Marie-Paule, bonjour Bruno, comment allez-vous ? Comment se passent ces premiers temps de confinement avec Mashud ?
Marie-Paule et Bruno : Tout va bien pour nous, pour le moment. Nous avons fait un voyage en Birmanie du 8 au 25 mars. Nous avons eu la chance de passer entre les gouttes du [premier] confinement. Pendant notre absence, Mashud est resté seul à la maison.
Comment se passe votre cohabitation depuis le début du confinement ?
Mashud est très présent à la maison, compte tenu de la fermeture de l’université de Créteil où il suit ses études. Il a des cours en visio, dispensés par ses professeurs. Nous avons l'avantage d'avoir un jardin et nous en profitons beaucoup. Mashud apprécie le hamac, les fleurs et le soleil. Et comme il est sportif, il va souvent faire son jogging. Nous sommes confinés, mais pas cloîtrés.
Qu’est-ce qui diffère de votre cohabitation en temps normal ?
A vrai dire, nous n’avons pas encore vraiment de cohabitation « en temps normal ». Mashud est arrivé chez nous début décembre 2019. Il venait tout juste de commencer les cours à l'université de Créteil lorsque les grèves SNCF de décembre et janvier ont frappé. Du coup, il n’en a pas eu beaucoup, ce qu’il regrette car il prend du retard.
La cohabitation se passe bien, nous partageons les repas du midi et du soir. Nous aidons un peu Mashud pour ses devoirs. Nous ne parlons qu'en Français avec lui. Parfois, nous invitons Mokhtar, un jeune Afghan réfugié que nous avons accueilli et avec qui nous avons gardé contact. Mashud et Mokhtar s’entendent bien, et aiment bien parler ensemble. Parfois, nous recevons également nos enfants et partageons de bons moments tous ensemble.
Quelles activités partagez-vous ?
Avec le confinement, nous avons beaucoup de temps communs. Nous partageons les repas, aidons Mashud à comprendre certaines démarches administratives. Nous lui avons appris à jouer à l'Awalé et aux échecs. On fait au moins 1 à 2 parties par jour. En général, le soir, nous regardons les informations ensemble, puis chacun passe la soirée de son côté. Nous l'aidons quand il en a besoin, pour certains cours.
Il est important de fixer des temps que l’on passe ensemble, mais aussi de définir des temps individuels, pour que chacun puisse garder ses activités. Être confiné ensemble ne veut pas forcément dire que nous sommes toujours disponibles, ou même qu’il faut tout faire ensemble.
Avez-vous mis en place des règles de précaution sanitaire dans votre cohabitation ?
Nous nous sommes mis d’accord pour ne pas prendre de précautions particulières entre nous. Nous vivons ensemble et avons choisi d’en prendre les risques. Par contre, nous avons un nécessaire sanitaire que chacun utilise pour les sorties : masques, gants, gel hydro-alcoolique.
Le contexte sanitaire a-t-il eu un impact sur votre relation ? Sur vos conversations ?
Ayant plus de temps pour échanger, nous apprenons à nous connaître davantage. Il en apprend plus sur nous, et nous sur lui. Cela se fait naturellement. Quand Mokhtar se joint à nous, nous avons souvent des échanges et des débats. C’est intéressant !
Les sujets de conversations évoluent de manière naturelle. Cela n'est pas forcément dû au confinement. On se connaît de mieux en mieux. On parle de sa famille, de la nôtre, ou encore des sujets d’actualités, par exemple.
Racontez-nous une anecdote de votre accueil
Mashud aime bien rire et est très optimiste. Il apprécie tout au niveau culinaire. Nous lui apprenons à ne pas utiliser trop d’huile dans sa cuisine.
Lors de son arrivée, il a pris en photo son lit et sa chambre pour l'envoyer à sa famille.
Il a quitté son pays il y a 7 ans, et c’est la première fois qu'il a une chambre pour lui.
Combien de temps comptez-vous vivre ensemble ?
La cohabitation se passant bien, nous n'avons pas fixé de date limite. Mashud se sent en sécurité et confortable chez nous. Nous allons donc faire ce que nous pouvons pour lui donner un cadre qui lui permette de gagner en autonomie, à économiser son argent et à se donner les moyens de partir de la maison. Il est en contact régulier avec un travailleur social du Groupe SOS, partenaire de J’accueille. Ensemble, ils font des demandes de logement. Le but est aussi qu’il ait un bon niveau en Français, pour pouvoir s'inscrire à une formation en alternance.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui envisagent accueillir ?
N’ayez pas peur d'ouvrir votre porte ! Et préparez-vous à bouger vos habitudes, et vos certitudes.
Depuis ce témoigne, Mashud a trouvé en décembre 2020 une solution de logement qui lui a permis de déménager. Il a continué ses études à l’université de Créteil, et a su s’adapter aux cours à distance. Il s’améliore de plus en plus en français.
Commentaires